Viol : Quand la victime devient (et reste…) coupable (Enquête Ipsos)

J’ai récemment publié un article sur la difficulté que peuvent avoir les victimes d’agression sexuelle ou de viol à se reconnaître en tant que victime d’un acte grave dont elles ne sont pas responsables. En tant que psychologue et thérapeute psychocorporel, je retrouve très souvent dans mon cabinet ce discours qui « gomme » la responsabilité de l’agresseur et dans lequel la victime se renvoie la faute.

Je ne pouvais donc pas ne pas vous parler de cette enquête Ipsos qui vient de sortir concernant « Les Français et les représentations sur le viol ». La lecture des résultats confirme malheureusement la réalité vécue dans nos cabinets de psychothérapie.

Parmi les faits les plus saillants dans cette étude :

  • La méconnaissance de ce que sont le viol (en particulier la notion de pénétration) et l’agression sexuelle
  • Lorsque la victime « cède » à son agresseur, alors ce n’est plus réellement un viol
  • Une personne peut prendre du plaisir à être violentée et forcée à avoir une relation sexuelle
  • L’agresseur est souvent déresponsabilisé
  • A l’origine d’un viol, il y a souvent un malentendu
  • La victime est jugée (au moins en partie) responsable quand celle-ci est dite « provocante »

Selon une majorité de français, voici le portrait robot du violeur : un homme, ayant un trop fort tôt de testostérone ou ayant mal compris le refus de la victime, qui passe à l’acte dans une ruelle et qui choisit au hasard une victime qu’il ne connaît pas. Non, cela n’est ni une blague de très mauvais goût ou l’intrigue d’un mauvais film… Il s’agit de ce que pense peut-être vos amis, vos parents, vos voisins.

Point très positif, tout de même : une majorité de français reconnaît les conséquences graves d’un viol sur la victime, même si ses impacts peuvent être minimisés par certains. Parmi les conséquences les plus citées : les suites psycho traumatiques à long terme, les risques accrus de dépressions stress, suicide, anxiété, et addictions.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le traumatisme des personnes reçues en thérapie est réel, profond et durable. Le travail de restauration est long, mais heureusement possible ! La reconstruction de l’intimité et de l’identité de la victime, reconnue en tant que telle et accueillie dans un cadre respectueux et adapté, est une réalité dont je peux témoigner. Il est fondamental d’apporter aux victimes un espace soutenant, infiniment bienveillant et qui prend en compte la totalité de la personne (pas seulement son statut de victime). Ce chemin permet à la victime, au fil du temps, de se réapproprier son propre corps et son identité, et de se reconnecter à ses aspirations profondes, son amour de soi et sa joie de vivre.

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