Violences sexuelles, de quoi parle-t-on ?

Que sont les violences sexuelles ?

Le flou organisé…

« Les violences sexuelles ». Ce terme, souvent entendus, n’en sont pas pour autant plus clairs… Hors, la clarté d’un élément est essentiel à sa compréhension et son intégration en tant qu’interdit individuel et sociétal. Et ne pas savoir ce que l’on dit ou vit, est un élément perturbant : ce qui n’est pas compris et défini comme existant, ne peut être pensé ni élaboré…

Aussi, sur la question des violences sexuelles, nous sommes témoins chaque jour de personnes victimes ayant du mal à se définir comme victimes de violences sexuelles pourtant claires dans les faits, œuvre notamment à définir, expliciter, clarifier, circonscrire ce que sont réellement les violences sexuelles. Les victimes ne savent souvent pas ce qu’elles ont vécu… Et nous avons tellement vu à quel point, la simple définition de ces termes auprès de personnes victimes peut être un véritable déclic, un apaisement, un vecteur de sens…

Commençons donc au commencement : définissons, et sortons du flou organisé…

 

Les violences sexuelles 

Au sens de l’état français, les violences sexuelles désignent « tous actes sexuels commis avec violence, contrainte, menace ou surprise. Ces violences portent atteinte aux droits fondamentaux de la personne. »

Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), les violences sexuelles regroupent « tout acte sexuel qui est commis à l’encontre d’une personne. Il peut être commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte. Pousser une personne à des actes sexuels contre sa volonté, que cet acte ait été commis intégralement ou non, ainsi qu’une tentative d’associer une personne à des actes sexuels sans que cette dernière ne comprenne la nature ou les conditions de l’acte ou sans qu’une personne agressée puisse refuser de participer ou puisse exprimer son refus parce qu’elle est ivre, droguée, endormie ou atteinte d’incapacité mentale ou en raison de l’intimidation ou de la pression.«

En des termes simples : Personne n’a le droit de vous imposer un acte sexuel que vous ne désirez pas. La violence sexuelle, c’est l’exercice d’un pouvoir et d’un contrôle sur autrui.

 

Mais, allons plus loin, et précisons les choses :

Les violences sexuelles, très concrètement, qu’elles s’adressent aux enfants ou aux adultes, regroupent, sur un continuum, des actes allant du harcèlement de rue, au viol (y compris dans le cadre conjugal ou social), en passant par le harcèlement sexuel, la diffusion de photos intimes sans votre accord, l’agression sexuelle, la traite de personne, l’exploitation sexuelle ou l’inceste et la pédocriminalité. Absolument tous ces actes sont considérés comme des violences sexuelles, théoriquement (car, dans la réalité, de nombreuses victimes peuvent témoigner d’à quel point cela est difficile…) punissable par la loi.

 

La différence entre viol et agression sexuelle :

L’incapacité de la majorité des personnes à faire la différence entre viol et agression sexuelle, au-delà du fait que cela montre à quel point ces thèmes ne sont pas encore élaborés sociétalement, sont dramatiques pour les personnes victimes.

Clarifions donc les choses : Le viol et les agressions sexuelles sont des crimes selon la loi française qui donne une définition précise de ces deux infractions. Ainsi, le viol désigne « tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par contrainte, violence, surprise ou menace ». Il se caractérise par l’absence de consentement de la victime. Pour ce qui est des agressions sexuelles, ce sont des « atteintes sexuelles commises avec violence, contrainte, menace ou surprise« . Elles se distinguent du viol par l’absence de pénétration.

 

Zoom sur la pédophilie et l’inceste :

En droit français, le terme de « pédophilie » (valable aussi pour le terme « pédocriminalité », nous semblant plus juste) n’apparaît pas dans les codes ni règlements du droit et de la justice : les termes utilisés pour décrire l’infraction de relation sexuelle entre un majeur et un enfant sont « atteinte sexuelle sur mineur », « agression sexuelle » ou « viol ».

En France, l’inceste, c’est-à-dire « le rapport sexuel entre deux personnes qui sont parents à un degré où le mariage est interdit », ne constitue pas une infraction spécifique… L’inceste dans la loi française est un concept extrêmement délicat. Ce n’est pas une infraction en soi. L’inceste fait partie des circonstances aggravantes. On parle de viols ou d’agressions sexuelles aggravés quand ils sont commis par un ascendant (parents, grands-parents), un tuteur, oncles, tantes, beaux parents, frères et sœurs s’ils ont autorité de droit ou de fait.

Or, la pédocriminalité et l’inceste sont des réalités bien plus répandues, selon les chiffres officiels, que les violences sexuelles sur les femmes (nous ne disposons malheureusement pas de chiffres spécifiques pour les hommes, ce qui est inacceptable…). Ceci est absolument scandaleux, et le travail fourni par l’association Psangana, pour la reconnaissance des enfants victimes, n’en est que plus fort. Et nous reconnaissons pleinement et sans conditions les victimes de pédocriminalité (dont l’inceste), et vous accueillons avec tout le respect et la considération largement dus.

 

Nous pensons que la connaissance de ces éléments, et leur intégration, parfois douloureuse pour les personnes victimes, et trop souvent remise en question par la société, est un premier pas, un énorme premier pas. Car, définir le vécu, c’est déjà ne plus en être le jouet.